mercredi 23 mars 2011

L'amertume d'un itinéraire sans fin...


Perdue à jamais, elle marchait péniblement. Esprit déserté, cœur égaré, âme à achever, elle puait le vide, seule. Seule contre tous, seule contre rien.
Elle doit son agonie à sa naissance. Son père, pressé par les anciens, a dû choisir vite: selon les croyances, un être sans nom porte malheur, et chaque prénom doit avoir une signification. Pour lui, le malheur était déjà survenu… il venait de perdre sa femme, et d‘hériter d‘un bébé dont il ne savait quoi faire.
Elle ne lui en veut pas d‘avoir nommé sa souffrance, de la lui avoir pesé sur les épaules alors qu‘elle n‘avait pas encore tété sa première gorgée de lait.

Elle avait perdu la notion du temps. La voilà dans ses quarantaines, peut être sans abri, sans famille, sans mari. SDF de l’amour, SDF de la vie, elle avait choisi de ne pas activer sa machinerie à bébés, de ne pas vivre dans un HLM, de réprimer tout semblant de sentiments. Après tout, elle était une arme de guerre, et la guerre n'a pas de fin.

Fatiguée, elle trouva un banc isolé dans un parc public, prit ses médicaments, s'allongea au milieu, et se laissa emportée. Ses rêveries exemplifiaient l’état d’esprit du moment.

On imaginait toujours le pire afin d’y être préparé, un mécanisme d’auto-défense contre la tristesse, le désappointement. Pour se rendre compte que l’on pourrait être plus triste ou plus heureux; elle était donc l’espoir de l’inconscient.
Ces rêveries permettaient de créer de nouveaux désirs, en forçant l’esprit à viser plus haut, ou plus bas...
"Le bonheur est dans le cheminement, rarement au bout du chemin"

Par AmenAllah GRICH (PCEM2)

2 commentaires:

  1. Trop triste! Mais tristesse bien exprimée!
    Une histoire réelle à remonter le moral?? :/

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  2. Très beau texte!! on arrive à savourer la tristesse!! ça me rappelle 'les fleurs du mal'-C.Baudelaire.

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