mercredi 23 mars 2011

INTERNE STORY


A 7h du matin, le réveil sonne. C’est l’heure… et on s’équipe de tout ce qu’on peut car la journée va être longue et il faut être un « MacGyver » pour y survivre…

Premier outil, le téléphone ! Cet appareil magique qui te permet d’appeler ton voisin qui étudie à l’INSAT pour lui demander de te déposer sur son chemin à Bab Saâdoun , une façon d’éviter les transports en commun...

Deuxième outil, une paire de baskets! Car pour arriver au STAFF à temps, il faut courir, sauter, grimper des escaliers à toute allure, faire une course vitesse dans le couloir du service, mais finalement, tu finiras comme toujours par arriver en retard malgré tout, et tu auras l’honneur d’être accueilli par le chef de service qui aura le plaisir de t’intoxiquer par quelques mots de sagesse, et d’autres reliés à la religion musulmane. Mais bon, tu deviendras vacciné et tu apprendras à entrer en salle de STAFF en mode « sourd-muet »…

Après le staff, tout le monde a quelque chose à faire: consultation, visite ou autre… sauf  l’interne! Lui, il n’est pas localisable dans le temps et dans l’espace car il occupe une dizaine de postes dans le service, et le tout en même temps…

Secrétaire en début de matinée, il faut des stylos pour ça, un correcteur, une agrafeuse, et surtout, une main qui écrit en mode ECG pour arriver à finir rapidement les dizaines de lettres, ordonnances, conclusions de sortie, et surtout pour examiner les patients et écrire quelques belles mises à jour débiles sur les dossiers des malades… genre «  il va bien, s’alimente bien, a fait ses selles » (comme si tu les a vu ses selles… euhh!!)
Un examen ennuyeux, répétitif, mais exigé, que tu vas finalement faire « virtuellement », sans  même te déplacer voir le malade. Une façon d’examiner tes patients par BLUETOOTH quoi!
Il y en a d’autres qui le font en mode WIFI maintenant, et ce, pour tous les patients…

Puis, tu passes à ton deuxième job de la journée:
«  l’ouvrier du service ».
Il y a un tas de bilans à récupérer du labo, des prélèvements que tu iras toi-même déposer, entre temps, tu pourras passer à la buvette ramener un « kaskroutt kaftéji» à ton senior, qui a une petite faim… façon de nouer des relations quoi !

Par  la suite, tu auras à faire le travail du « SOGEGARDE », car au beau milieu de la matinée, tu seras attaqué par les familles des malades qui essayeront, par tous les moyens et même par la force, d’entrer dans le service en dehors des heures officielles de visite pour voir leurs proches. Et là, pour défendre ton territoire, tu dois être un peu musclé, et surtout, doué d'une capacité... celle de parler le langage de « wa33 Farid »,  « chbik l’ami tahki hakka… », « tet9aba7 ?!! o5réj lbarra taw ngolék… »…

Ensuite, tu te transformes en brancardier et copilote d’ambulancier car, pour amener un patient au scanner, c’est monsieur l’interne qui est responsable. Et là, tu vis la peur de ta vie en montant dans une ambulance qui survit depuis le moyen âge, qui n’a plus de freins, ni de suspensions (toutes nos pensées vont aux patients qui restent derrière, car avec tous les tremblements du véhicule, et le nombre incalculable des pertes de substance dans la chaussée, le pauvre se trouve à basculer d’un coin à l'autre, avec une bouteille d’oxygène qui lui tombe droit dans la gueule par dessus des étagères).
Mais ce qui est bien dans ce transport, c’est qu’on a noté chez ces patients une meilleure digestion de « mekelt essbitar », car avec toutes ces vibrations et ces bousculades, dans leur estomac, le délicieux couscous du « sbitar » devient « 3ejja », le yaourt devient « rayéb », et la salade... une compote!
Autre chose, avec tous les ultrasons que le vieux moteur de l’ambulance développe… un comateux pourrait bien se réveiller, une fracture pourrait se réduire toute seule, même une lithiase peut se dégranuler d’un coup. On appelle ça « l’ambulanciothérapie ».

En revenant au service, une surprise t’attend : il y a une admission dans ta chambre, un patient « intubé-ventilé » vient d’atterrir chez toi, et comme d’habitude, il n’y a pas de respirateurs mécaniques, ni scopes. Et là aussi, c’est ta responsabilité d’interne, car tu vas passer toute l’après-midi à muscler ton avant-bras en gonflant l’ambu d’oxygène, et à surveiller la tension du malade, son pouls… Là, tu commences à développer un talent surhumain, celui de ventiler un patient avec une main, d’écrire sur son dossier avec l’autre… Tu arriveras même des fois à téléphoner à  ta petite copine au beau milieu de tout ça pour lui raconter ce que tu as fait d’héroïque au cours de la journée… Comme ça, elle t’aimera encore plus, toi humble médecin.

Ce qui est bizarre dans toute cette histoire c’est que, après une longue journée comme celle-ci, tu t’arrêtes et tu dis :
« Aujourd’hui, j’ai fait de tout… sauf de la médecine ! »

Par Issam ELLEUCH (interne)

6 commentaires:

  1. parfait ya Mr."Benz" , impressionnant même

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  2. Ay!!! ça fait mal!
    Je me demandais: " What else?" oO'
    (PCEM1ienne)

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  3. pas mal du tt!! mais j'aurai aimer vous dire que chui resident et que tt ceci m'arrive a moi et mes collegue resident et pas a l'interne,sinon j'aurai aussi aimé que vous mettiez a la fin le fait que le lendemain,ya un senior qui viendra nous insulter..pasqu'il est pas satisfait au fait de notre boulot:il parait qu'on a trainer!! :D :D

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  4. xddddddddd, et parfois il ne répond méme pas

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  5. pffff et en + de tout ça aucun mot d'encouragement ni de gratitude, aucun respect! Externe ma3fousin Interne ma3fousin hethi hia el médecine!

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  6. haha ..tu m'as tué !! Bravo :) et puis rabbi m3ana :) bon courage "l'interne" !

    M.K

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